« En tant que disciple de Jésus, c’est mon devoir de lutter pour la justice » : Mary Mohammadi, chrétienne iranienne

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Mary Mhammadi est une jeune chrétienne iranienne, elle vit dans un pays où les chrétiens ont tendance à faire profil bas. Ce n’est pas son cas, la jeune femme courageuse n’hésite pas dire ce qu’elle pense, car elle considère que c’est son rôle en tant que disciple de Jésus. 

À seulement 22 ans, Mary Mhammadi a déjà été arrêtée et emprisonnées à plusieurs reprises à cause de sa foi chrétienne. Elle a été détenue dans la prison pour femmes de Qarchak, elle a été maltraitée au centre de détention de Vazara, elle a été battue si violemment par des gardiens que ses blessures ont été visibles pendant des semaines. Elle a également été condamnée à recevoir 10 coups de fouet en avril 2020.

« Il n’y avait aucune preuve contre moi, donc j’aurais dû être acquitté, mais à la place, j’ai été condamné non seulement à l’emprisonnement, mais aussi à la flagellation. »

Malgré ce qu’elle a enduré, la jeune iranienne est déterminée à continuer à se battre pour la justice. Dans un entretien avec le média américain CBN News, Mary Mohammadi revient sur les élections à venir dans son pays, elle dénonce un système politique frauduleux où tout est joué d’avance alors que les prochaines élections présidentielles auront lieu le 18 juin prochain.

« Ce n’est pas une vraie élection. La décision a été prise. Tous les Iraniens savent déjà qui sera le prochain président : Ibrahim Reisi. »

La jeune femme courageuse ne mâche pas ses mots et affirme que le régime joue avec la vie du peuple.

« Le régime joue avec les gens, les utilise comme un ballon. Ils sont ballottés entre les extrémistes et les soi-disant réformistes. »

« Je ne reconnais pas la République islamique comme un régime légitime, donc je ne reconnais pas non plus ses élections. Et je crois que c’est la meilleure attitude à avoir, ou la plus juste. » affirme avec force la chrétienne.

Elle estime que dans son pays c’est la « propagande qui finit par l’emporter, quel que soit le vrai vote ». « Si nos votes étaient importants, le régime n’aurait pas tué au moins 1 500 personnes au mois de ‘Bloody November’ en 2019. Il n’aurait pas exécuté des militants et des manifestants comme Navid Afkari. Plus de personnes qu’on ne peut en compter ont été tuées par le régime au cours des 43 dernières années. » rapporte-t-elle.

Elle clame qu’elle ne reconnait pas le gouvernement, « vous occupez mon pays », déclare la jeune femme qui ajoute que puisqu’elle n’est pas reconnue en tant que chrétienne par le pouvoir, elle choisit de ne pas les reconnaitre non plus en tant que leaders.

Mary Mohammadi est déterminée à ce que le monde soit au courant de la discrimination dont elle est victime, comme beaucoup d’autres croyants dans son pays. L’Iran qui compte 800 000 chrétiens, est classé 8e dans l’index de la persécution des chrétiens de l’ONG Portes Ouvertes qui indique que « les droits de la minorité chrétienne sont limités » dans le pays et que « les chrétiens d’arrière-plan musulman sont poursuivis par la police et souvent arrêtés ».

L’histoire de la chrétienne de 22 ans en est bon exemple. Outre ces multiples arrestations et les violences dont elle a été victime, la jeune femme a perdu son emploi, et n’a pas pu continuer ses études universitaires après ses déboires avec le gouvernement.

« Le régime ne reconnaît formellement que certaines confessions chrétiennes – Assyriens et Arméniens » explique-t-elle. Elle ajoute que le régime tue les dirigeants chrétiens, et ne permet pas aux croyants de se rencontrer, de parler de leur foi, ils n’ont pas accès non plus à une bible dans leur langue et n’ont pas l’autorisation de célébrer des mariages chrétiens. « Nous n’avons aucun doit, nous ne sommes pas citoyens de notre propre pays » dénonce Mary.

« Ils ont brutalement tué certains dirigeants chrétiens au fil des ans comme Mehdi Dibaj, Hosein Soodmand et Ravanbakhsh Yousefi. De plus, le régime nous empêche de poursuivre nos études ou de trouver du travail.Aujourd’hui, ils ne nous permettent pas de nous rencontrer, de discuter, d’adorer, de parler de notre foi, d’avoir des cimetières séparés, de célébrer des funérailles et des cérémonies de mariage de manière chrétienne, de publier et de vendre la Bible dans n’importe quelle langue sauf en arménien et Langues assyriennes, avoir des églises officielles, adopter un enfant et plus encore. Bref, nous n’avons aucun droit. Nous ne sommes pas citoyens dans notre pays. Le gouvernement ne nous fournit qu’un certificat de naissance et le ‘droit de vote’, tout cela pour son propre bénéfice. »

Malgré le danger, la jeune femme est prête à tout pour mettre en lumière cette situation qu’elle juge inacceptable. Pourquoi ? Parce qu’elle estime, qu’en « tant que disciple de Jésus », c’est son devoir de « lutter pour la justice ».

« Pourquoi je fais ça? Parce qu’en tant que disciple de Jésus, c’est mon devoir de lutter pour la justice. Ce n’est pas seulement un choix mais un ordre que j’ai de Lui. Mon objectif premier n’est pas de me débarrasser du régime mais d’obtenir justice pour tous les Iraniens. Pourtant, cela ne pourra jamais être fait tant que le régime n’aura pas disparu et que l’Iran n’aura pas un gouvernement fondé sur l’état de droit. »

La jeune femme conclut ce plaidoyer en citant un passage de la Bible, Michée 6:8.

« On t’a fait connaître, ô homme, ce qui est bien; Et ce que l’Eternel demande de toi, C’est que tu pratiques la justice, Que tu aimes la miséricorde, Et que tu marches humblement avec ton Dieu. »

Camille Westphal Perrier


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